Madeleine Malthête-Méliès

Madeleine Malthête-Méliès

(1923-2018)

La Cinémathèque française a appris avec très grande tristesse le décès, le 8 juillet, de Madeleine Malthête-Méliès.

Madeleine Méliès avait quinze ans lorsque Georges Méliès (1861-1938), son grand père, disparut. Elle avait passé son enfance à ses côtés, au château d’Orly, la maison de retraite où le cinéaste s’était retiré. Elle en gardait des souvenirs merveilleux et très précis.

Devenue secrétaire de Henri Langlois à la Cinémathèque française en 1943, Madeleine Malthête-Méliès commence à collecter tout ce qui concerne Méliès à partir de 1945. Aidée par son mari le docteur René Malthête et par la veuve de Méliès, la fameuse Jehanne d’Alcy (1865-1956), Madeleine Malthête-Méliès rassemble, peu à peu, une très importante collection entièrement consacrée à son grand-père : dessins, photos, peintures, objets, manuscrits, etc…Quelques objets exceptionnels sont découverts : le carton fantastique de Robert-Houdin ayant appartenu à Méliès, le costume original du Voyage dans la Lune(1902)…

En 1961, la Cinémathèque française organise au Musée des arts décoratifs la première grande exposition entièrement dédiée à l’œuvre de Georges Méliès. Une association est créée la même année : les Amis de Georges Méliès, toujours active, et que Madeleine a longtemps dirigé avec énergie et talent, parvenant à nouer à travers le monde entier un réseau de passionnés.

Les nombreux films qu’elle retrouve, dans des circonstances parfois rocambolesques, sont soigneusement conservés, dupliqués et surtout projetés par ses soins, dans les règles de l’art, à travers le monde entier. Son habileté pour commenter les films durant la projection, avec une grâce, une élégance et un humour typiquement méliésien, rendait les séances inoubliables.

En 1973, elle publie une biographie : Méliès l’enchanteur (Hachette), plusieurs fois rééditée. Avec ses deux enfants Jacques Malthête et Anne-Marie Quevrain, elle édite en 1981 un remarquable Essai de reconstitution du catalogue français de la Star-Film, suivi d’une analyse catalographique des films de Georges Méliès recensés en France, publié par les Archives du Film du Centre national de la cinématographie.

Avec son aide bienveillante, la Cinémathèque française organise à l’Espace Electra, en 2002, une exposition consacrée à Méliès.

En 2004, le Centre national du cinéma et de l’image animée décide, sur proposition de la Cinémathèque française, d’acquérir la collection de Madeleine Malthête-Méliès. La Cinémathèque française, grâce à Henri Langlois qui a très bien connu Georges Méliès, possédait déjà un fonds exceptionnel de dessins, filmset archives provenant du cinéaste. Joindre à cet ensemble la collection de Madeleine Malthête-Méliès a permis de créer un fonds unique au monde, qui a donné lieu à une autre exposition à Paris (2008) et en Espagne (2013).

Très proche avec ses enfants de la Cinémathèque française, Madeleine Malthête-Méliès avait accueilli avec plaisir l’annonce récente de la création du musée Méliès. Il ouvrira en 2020 à la Cinémathèque française.

« Il ne se passe pas une année sans que l’on retrouve un film, un dessin, une lettre. C’est toujours un moment d’émotion double car, en plus de celle de tout collectionneur augmentant « sa » collection, il y a celle de la petite-fille retrouvant la trace de son grand-père le magicien qui lui faisait des tours de cartes, de cigarettes et de pièces de monnaie tout en lui parlant d’Homère et d’Offenbach ! » (Madeleine Malthête-Méliès, préface à Jacques Malthête et Laurent Mannoni, L’œuvre de Georges Méliès, Paris, La Cinémathèque française – Editions de la Martinière, 2008).